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Fespaco : les 20 films en compétition présentés à Abidjan

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Vingt films seront en compétition pour le grand prix du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). Le plus grand rendez-vous du cinéma africain se déroulera du 25 février au 4 mars dans la capitale burkinabè, ont annoncé jeudi les organisateurs à Abidjan.

L’annonce de la programmation a été faite jeudi 5 janvier en Côte d’Ivoire, invitée d’honneur du 25e Fespaco.

Au total 1 000 films ont été présentés à la sélection cette année, une hausse de 30% par rapport à 2015. Vingt ont été retenus pour concourir pour le grand prix de l’Étalon d’or de Yennenga, a annoncé lors de la conférence internationale de lancement le délégué général du Fespaco, Ardiouma Soma.

Les réalisateurs des 20 films en course sont issus de 15 pays. Parmi eux, deux Ivoiriens et trois Burkinabè. Les autres sont originaires du Maroc, de la Tunisie, de la Guadeloupe, du Bénin, du Ghana, du Mali, du Niger, du Sénégal, de la Tanzanie, du Cameroun, de l’Éthiopie, de l’Algérie et de l’Afrique du Sud.

Longs et courts métrages, films documentaires, séries télévisées et films issus des écoles africaines de cinéma seront primés. La plus haute distinction, l’Étalon d’or de Yennenga, sera décerné le 4 mars par un jury international, a indiqué Ardiouma Soma.

La 25e édition du Fespaco rassemble, chaque année impaire, la crème des réalisateurs, comédiens, techniciens du 7e art africain. Cette année, le prestigieux festival aura pour thème : « Formation et métiers du cinéma et de l’audiovisuel ».

Accent mis sur la sécurité 

Le Fespaco a révélé par le passé de grands noms du cinéma africain. Parmi les plus célèbres, le Mauritanien Abderrahmane Cissako, le Marocain Nabil Ayouch, le Nigérian Newton Aduaka, le Burkinabè Gaston Kaboré et le Malien Souleymane Cissé.

Cette année, le budget est de 1,2 milliard de francs CFA (2 millions d’euros). Le gouvernement burkinabè a assuré qu’un effort serait plus particulièrement consenti pour assurer la sécurité de la manifestation à Ouagadougou, touché par une attaque jihadiste qui avait fait 30 morts le 15 janvier 2016.

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Oscars 2017 : une année exceptionnelle pour les Africains-Américains

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Pour la première fois de l’histoire, trois actrices africaines-américaines sont nommées aux Oscars dans la catégorie meilleur second rôle féminin. Deux acteurs et un réalisateurs noirs figurent également dans la sélection 2017 dévoilée mardi 24 janvier.

L’académie des Oscars a-t-elle tiré les leçons du passé ? Il semblerait, puisque la sélection 2017 ne sera pas 100% blanche… contrairement aux deux précédentes.

Parmi les heureuses élues de cette 89ème édition figurent Viola Davis, qui joue aux côtés de Denzel Washington dans Fences (lui-même nommé dans la catégorie meilleur acteur), ainsi que Naomie Harris pour Moonlight – un drame de Barry Jenkins sur l’histoire d’un jeune garçon africain-américain homosexuel – et Octavia Spencer, qui avait déjà reçu l’Oscar du meilleur second rôle pour sa performance dans La Couleur des sentiments en 2012.

Cette fois, l’actrice est nommée dans Hidden Figures, qui retrace l’histoire de trois Africaines-Américaines ayant joué un rôle déterminant dans la conquête spatiale des États-Unis. Son partenaire de jeu, Mahershala Ali, a également été nommé dans la catégorie meilleur second rôle masculin.

Un réalisateur africain-américain en lice pour le meilleur film

De façon tout aussi inédite, à 39 ans, le réalisateur Bradford Young figure dans la liste des nommés pour l’Oscar du meilleur film, avec Arrival (2016), en lice dans sept autres catégories.

L’absence de nommés africains-américains aux Oscars, toutes catégories confondues, avait suscité une vive polémique sur Twitter sous la bannière du hashtag « Oscarssowhite ». Certaines grandes figures d’Hollywood, comme le réalisateur et acteur Spike Lee et l’actrice Jada Pinkett, n’avaient pas hésité à boycotter la prestigieuse cérémonie pour manifester leur colère.

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AÏSSA MAÏGA : « JE NE ME SUIS PAS LAISSÉ LE CHOIX, IL FALLAIT QUE ÇA MARCHE » !

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Entretien avec Aïssa Maïga, actrice française aux multiples cultures et à l’enthousiasme à toute épreuve.

De Saraka Bô (1996) à Il a déjà tes yeux (2017), Aïssa Maïga est devenue l’un des visages les plus reconnaissables du cinéma français. Pourtant, son parcours n’a pas été des plus simples, mais c’était sans compter sur son enthousiasme, sa force de vie et sa détermination à toute épreuve.

La comédienne nous a reçus dans son appartement parisien, à l’abri des regards et autour d’un thé pour revenir sur son parcours et sa vision du cinéma aujourd’hui.

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« The Wedding Party », le premier film nigérian qui fait plus d’entrées que les superproductions hollywoodiennes

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filmLe Nigeria a beau être en récession et l’inflation frôler les 20 %, Nollywood, deuxième industrie cinématographique au monde après Bollywood avec quelque 2 000 films par an et un public estimé à 150 millions de spectateurs, ne s’est jamais aussi bien portée. En tête du box-office, The Wedding Party, une comédie aussi loufoque que glamour, raconte un mariage en dépit des réticences et des rivalités ethniques qui opposent leurs familles, l’une igbo et l’autre yoruba. Deux mois après sa sortie, le film, toujours à l’affiche, a généré 400 millions de nairas (1,2 million d’euros) de recettes, deux fois plus que le précédent record, détenu jusque-là par A Trip to Jamaica, sorti lui aussi en 2016 et qui avait récolté 178,5 millions de nairas.

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Fespaco 2017: la liste des films en compétition

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Qui remportera l’Étalon d’or de Yennenga, le plus prestigieux trophée du cinéma africain, à la 25e édition du Fespaco ? À partir de ce samedi 25 février, à Ouagadougou, au Burkina Faso, 20 films de fiction sont en compétition pour succéder à «Fièvres», du Marocain Hicham Ayouch. 950 films ont été inscrits pour la sélection et pendant les huit jours du plus grand événement cinématographique de cinéma et de télévision en Afrique, 150 films seront projetés en quatre compétitions. À côté de la compétition long métrage, présidé par le Marocain Nour-Eddine Saïl, il y a aussi les courts métrages, les documentaires et les séries télévisuelles, sans oublier les films des écoles africaines de cinéma, le futur cinématographique du continent.

COMPÉTITION OFFICIELLE : FICTION LONG MÉTRAGE

– A mile in my shoes de Saïd Khallaf (Maroc)
– Aisha de Chande Omar (Tanzanie)
– A la recherche du pouvoir perdu de Mohammed Ahed Bensouda (Maroc)
– Félicité dAlain Formose Gomis (Sénégal)
– Fre de Kinfe Banbu (Ethiopie)
– Frontières de Appolline Woye Traoré (Burkina Faso)
– Innocent malgré tout de Kouamé Jean De Dieu Konan/ Kouamé Mathurin Samuel Codjovi (Côte d’Ivoire)
– L’interprète de Olivier Meliche Koné (Côte d’Ivoire)
– L’orage africain – Un continent sous influence de Sylvestre Amoussou (Bénin)
– La forêt du Niolo de Adama Roamba (Burkina Faso)
– Le gang des Antillais de Jean Claude Barny (Guadeloupe)
– Le puits de Lotfi Bouchouchi (Algérie)
– Les Tourments de Sidali Fettar (Algérie)
– Life point de Brice Achille (Cameroun)
– Lilia, une fille tunisienne de Mohamed Zran (Tunisie)
– Praising the Lord plus one de Kwaw Paintsil Ansah (Ghana)
– The lucky specials de Rea Rangaka (Afrique du Sud)
– Thom de Tahirou Tasséré Ouédraogo (Burkina Faso)
– Wulu de Daouda Coulibaly (Mali)
– Zin’naariya ! de Rahmatou Kéïta (Niger)

COMPETITION OFFICIELLE : FICTION COURT METRAGE

A PLACE FOR MYSELF de Marie Clémentine DUSABEJAMBO (Rwanda)
– ANTANANARIVO TIAKO IANAO de  Haminiaina RATOVOARIVONY (Madagascar)
ASHIA de  Françoise ELLONG (Cameroun)
– CHEBET de Antony KOROS (Kenya)
COMA de Ghada ALI (Egypte)
DAYMANE TOURS  de Pepiang TOUFDY (Tchad)
FOLO, IL ETAIT UNE FOIS … de  Loci Hermann KWENE (Burkina Faso)
– GERRETA  de Mategaftot  Sileshi SIYOUM (Ethiopie)
– HYMENEE de Violaine Maryam Blanche BELLET (Maroc)
LA FACE CACHEE DU PERE NOẺL  de Laurent PANTALEON La Réunion
LA PROMESSE  de Fatou TOURE (Sénégal)
LA RUE N’EST PAS MA MÈRE de  Jérôme Nabonswendé YAMEOGO (Burkina Faso)
– LE CHEMIN de  Mike COFIZ  (Côte d’Ivoire)
LE PANTALON ROUGE  de Hervé DJOSSOU (Bénin)
LE VOYAGE DE KELTOUM  de Anis DJAAD  (Algérie)
– LES GROS CAILLOUX  de Jean Richard NIYONGABO (Burundi)
LES MAINS D’OR DE SAMBA  de Hawa Aliou N’DIAYE  (Mali)
LODGERS de Keni OGUNLOLA  (Nigeria)
M-001  de Franck Adrien Relongouet ONOUVIET (Gabon)
MBAMBA  de Nsunzu MICHEE (RD Congo)
NORMALIUM  de Siam MARLEY (Côte d’Ivoire)
KHALLINA HAKKA KHIR  de Mehdi M. BARSAOUI (Tunisie)
PACTE  de Joel M’MAKA (Togo)
SILENCE de  Amog LEMRA (Congo Brazzaville)
THE BICYCLE MAN  de Twiggy MATIWANA (Afrique du sud)
YAA de  Esi YAMOAH (Ghana)

COMPETITION OFFICIELLE : FILMS DOCUMENTAIRES

– A FOOTNOTE IN BALLET HISTORY?
de Abdel Khalek HISHAM (Egypte)
ABNEGATION de Koffi Segla OLOUGBEGNON (Togo)
BOIS D’EBENE Moussa TOURE (Sénégal)
BONS BAISERS DE MORUROA de Larbi BENCHIHA (Algérie)
– CEUX QUI OSENT de Dieudonné ALAKA (Cameroun)
CITOYENS BOIS D’ÉBENE Franck SALIN (Guadeloupe)
COLA UNE NOIX= MILLE VERTUS Seydou COULIBALY (Côte d’Ivoire)
COMING OF AGE de Teboho EDKINS (Afrique du Sud)
CONGO ! LE SILENCE DES CRIMES OUBLIES de Gilbert BALUFU (R.D. Congo)
DJAMBAR, SEMBENE L’INSOUMIS de Eric Mbappe BODOULE SOSSO (Cameroun)
HERITIERS DU VIETNAM de Arlette PACQUIT (Martinique)
KEMTIYU, SÉEX ANTA (KEMTIYU, CHEIKH ANTA) Ousmane – William MBAYE (Sénégal)
L’APPEL DES TAMBOURS  de Fidèle KOFI (Côte-d’Ivoire)
L’ARBRE SANS FRUIT Aicha MACKY (Niger)
LE RḖVEIL DE L’ḖLEPHANT Souleymane DRABO( Burkina Faso)
LES HERITIERS DE LA COLLINE Ousmane SAMASSEKOU (Mali)
LES HIRONDELLES DE L’AMOUR Jawad RHALIB ( Maroc)
OKUTA, LA PIERRE Ayéman Aymar ESSE (Benin)
SOSSO BALA Nissi Joanny TRAORE (Burkina Faso)
UPRIZE ! Sifiso KHANYILE (Afrique du Sud)
YOLANDE OU LES BLESSURES DU SILENCE–  Léandre-Alain BAKER (Congo Brazzaville)

COMPETITION OFFICIELLE : SERIE TELEVISUELLE

AISSA – Jean Roke PATOUDEM (Cameroun)
APHASIE –  Hyacinthe HOUNSOU (Côte d’Ivoire)
BAMAKO LA VILLE AUX TROIS CAÎMANS – Aîda Mady DIALLO ( Mali)
BIBATA – Mamadou Maboudou GNANOU (Burkina Faso)
CAURIS DU SUD – Kiel ADANDOGOU (Togo)
DELOU – Mahaman SOULEYMANE (Niger)
DEUX COUPLES, UN FOYER – Gbehi Jean Noel BAH (Côte d’Ivoire)
DU’ ANAADO SAARAA – Boubacar SIDIBE (Mali)
IDENTITAIRE – Sidgomdé ROAMBA (Burkina Faso)
INTENTIONS SECRETES – Bernard YAMEOGO (Burkina Faso)
JIKULUMESSU – Sergio GRACIANO (Angola)
LA GUERRE DES BIENS – Jean de Dieu TCHEGNEBE( Cameroun)
LAGNON – Emmanuel GOUEU (Côte d’Ivoire)
LE SANG DE L’ALBINOS – Narcisse SAWADOGO( Burkina Faso)
LES CHENAPANS – Christiane CHABI KAO( Bénin)
LES FAMILLES ET LES AMIS –  Adebowale AJIBULU ( Afrique du Sud)
PERIPETIE – Rémi ATANGANA (Cameroun)
SAMBA Akwuondoghoh – ENAH JOHNSCOTT (Cameroun)
SOEURS ENNEMIES –  Erico SERY/ Yurandy PEREIRA-SODRE (Côte d’Ivoire)
TON PIED MON PIED –  Folligan Steven AMOUZOU (Togo)
TUNDU WUNDU – Abdoulahad WONE (Sénégal)

COMPETITION OFFICIELLE : FILMS DES ECOLES AFRICAINES DE CINEMA


– A TRAVERS LES BARRIERES
de Matamoura dit Ndiaga FALL – Sup’Imax CHRISTIAN THIAM (Sénégal)
AU NOM DU PERE de Hegra DJESSAGA – École Supérieure des Études cinématographiques et de l’audiovisuel (Togo)
– DERRIERE L’IMAGINAIRE de Hiba CHAARI École Supérieure des Arts visuels de Marrakech ( Maroc)
– DOWN SIDE UP de Peter OWUSU – University of Legon ( Ghana)
– HERITAGE de Fatoumata Tioye COULIBALY – conservatoire des arts et métiers multimédias/BALLA FASSEKE KOUYATE (Mali)
– LA MALADIE DE LA HONTE de Giovania ATODJINOUZINSOU – Institut Supérieur des Métiers de l’audiovisuel (Bénin)
– LA MANGROVE, UNE RICHESSE POUR LE LAC AHEME de Blandine KPADE – Institut Supérieur des Métiers de l’audiovisuel ( Bénin)
– LE CACAO À LE FÉMININ Mohamed TOURTE Université Félix Houphouët BOIGNY Côte d’Ivoire
– LE DỂCLIN DE LAHOU KPANDA Jean Marie Venance SORO Institut arc-en-ciel Côte d’Ivoire
– LE PATRIOTE Jean Marc ANDA Institut Supérieur de Formation Aux Métiers du Cinéma et de l’audiovisuel de l’Afrique Centrale (Cameroun)
– LE PEINTRE Georges Roi TEKOU FONGANLT Institut Supérieur de l’Image et du Son/ Studio École (Burkina Faso)
– LE REFUS DE RABA de Mariam FOFANA – Brico Films (Mali)
– NECTAR D’UN PAYS de Fidel HOUNHOUEDE – École Nationale des Sciences et Technique de l’information et de la Communication ( Bénin)
– NUBUKE de Aryee BISMARK – National Film and télévision Institute (Ghana)
– PATER NOSTER de Lambert OUBDA – Institut Imagine (Burkina Faso)
– SIRA de Serge Augustin KOUA – Institut Polytechnique des Sciences et techniques de la Communication (Côte d’Ivoire)
– TERMINUS de Mamadou Hady DIAWARA – Ecole Supérieure des Arts Visuels de Marrakech – (Maroc)

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Fespaco : un deuxième Étalon d’or pour Alain Gomis, le palmarès à la loupe

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C’est donc Alain Gomis, le grand favori, qui a remporté samedi 4 mars à Ouagadougou l’Étalon d’or de Yennenga du 25e Fespaco pour son film Félicité. Mais d’autres œuvres auraient elles aussi mérité un Étalon. revue de détail.

Le jury présidé par l’ancien responsable du Centre cinématographique marocain Nouredddine Saïl a très logiquement couronné à l’issue de la biennale ce 4e long métrage du réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis, qui vient par ailleurs de recevoir l’Ours d’argent au festival de Berlin, l’un des trois plus grands festivals de cinéma au monde. Il n’a pas réédité ainsi le faux-pas du précédent jury qui avait accordé en 2015 la plus grande récompense du plus important des festivals africains de cinéma à un film certes fort estimable, Fièvres du Marocain Hicham Ayouch, mais en « oubliant » le long métrage qui dominait alors de loin la production africaine, Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, plébiscité par la critique comme par le public.

En remportant son deuxième Étalon d’or après celui reçu en 2013 pour Tey (Aujourd’hui), Alain Gomis rejoint au palmarès du Fespaco le prestigieux cinéaste malien Souleymane Cissé, le seul jusqu’ici à avoir réalisé un tel doublé avec Baara en 1979 et Finyé en 1983. Il obtient surtout définitivement une reconnaissance internationale pour son cinéma parfois déroutant et toujours exigeant mais respectant le public qu’il touche avec des histoires qui tournent à chaque fois autour d’un personnage fort attachant faisant face à une situation très difficile.

Film musical

Félicité, ainsi, raconte la vie d’une chanteuse de bar mère célibataire de Kinshasa qui doit se battre pour trouver d’urgence de quoi payer une opération de la dernière chance à son fils adolescent grièvement blessé dans un accident de moto. Un film très musical, dont l’action est scandée par des morceaux du Kasaï Allstars et de l’étonnant orchestre symphonique de Kinshasa, qui montre comment cette femme désespérée va accepter la vie, malgré le décès de son enfant, tout comme le héros de Tey acceptait la mort qu’on lui annonçait.

Si le triomphe d’Alain Gomis n’a pas surpris, les lauréats des autres grands prix ne sont pas toujours ceux que l’on attendait après avoir vu les 20 films en compétition dans la section reine du festival, celle des longs métrages de fiction. L’Étalon d’argent attribué au Béninois Sylvestre Amoussou pour L’Orage africain peut laisser perplexe même s’il distingue un scénario habile, traité de manière efficace et parfois drôle, qui a conquis lors de ses projections le public.

En racontant comment le président d’un État africain imaginaire décide de nationaliser toutes les sociétés étrangères exploitant le sous-sol de son pays et comment il déjoue finalement tous les complots fomentés pour faire échouer son entreprise de récupération des ressources naturelles, le film ne peut certes qu’emporter l’adhésion du spectateur. Mais en traitant un sujet qui était surtout au devant de la scène dans les années 1970 ou 80, il donne l’impression de séduire à bon compte en menant un combat le plus souvent dépassé, voire anachronique aujourd’hui où les principaux enjeux économiques des États africains ne sont plus les mêmes qu’autrefois.

Quant à l’Étalon de bronze, il revient au Marocain Saïd Khallaf pour A Mile in my shoes (Un mile dans mes chaussures), là encore un film qui évoque un sujet fort – le calvaire interminable d’un jeune d’un milieu défavorisé de Casablanca victime depuis son enfance d’abus sexuels et de bien d’autres agressions – mais qui ne convainc pas toujours par ses qualités cinématographiques. Son thème, il est vrai, était représentatif d’une bonne part de la sélection où les scénarios évoquaient volontiers des viols et autres maltraitances que subissaient les « héros », les victimes étant cependant le plus souvent des femmes.

Ibrahima Koma, une présence impressionnante

Des prix secondaires sont heureusement venus attirer l’attention sur des œuvres qui auraient peut-être mérité elles ausssi de repartir de Ouagadougou dotées d’un Étalon. Ressortant au sein d’une sélection globalement peu convaincante, on peut notamment citer trois premiers longs métrages dont la réalisation a été fort bien maîtrisée par leurs auteurs. Wulu, du Malien Daouda Coulibaly, évoquant comment un jeune homme dépourvu de travail mais très dynamique se lance dans le trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, y compris avec la complicité de djihadistes, une réussite qui se révélera en fin de compte une impasse, nous propose un film d’action au rythme trépidant qui n’a rien à envier à beaucoup de productions européennes ou américaines tout en traitant une question essentielle.

Rahmatou Keita a réalisé un long métrage splendide dans des décors qui ne le sont pas moins

Son acteur principal, Ibrahim Koma, dont la présence à l’écran est impressionnante même s’il joue sobrement son rôle, n’a pas volé son prix d’interprétation. Le Puits, de Lofti Bouchouchi, renouvelle quelque peu pour sa part l’abord de la Guerre d’Indépendance par les cinéastes algériens en racontant de façon finalement lyrique mais sans pathos, avec une grande sensibilité et avec de beaux personnages, un épisode dramatique du conflit (un village du sud désertique où ne restent plus que des femmes, des enfants et des vieillards est assiégé par un détachement de l’armée coloniale française qui interdit toute sortie, à tel point que l’on risque de mourir de soif). Il a reçu fort justement le prix Oumarou Ganda qui distingue le meilleur premier film.

Enfin, Rahmatou Keita a réalisé un long métrage splendide dans des décors qui ne le sont pas moins en racontant sans se presser dans L’Alliance d’or (Zin’naariya) une histoire d’amour qui permet d’évoquer les coutumes, les interrogations et la vie quotidienne de familles aristocratiques du Niger. Le prix de la meilleure image ne pouvait lui échapper.

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MARIE PHILOMÈNE NGA : ON EST DANS L’OBLIGATION DE CRÉER !

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L’actrice française née au Cameroun, Marie-Philomène Nga, vient de recevoir le Prix de la meilleure actrice au Festival Vues d’Afrique, à Montréal. A cette occasion, nous l’avons rencontré pour revenir sur 40 ans de carrière !

Créations musicales, ballets, cinéma, téléfilms, c’est dire si la carrière de l’actrice française née au Cameroun est prolifique. Son nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, et pourtant… Pour les plus jeunes, elle est la maman de Salli – interprétée par Aïssa Maïga -, Mamita, dans Il a déjà tes yeux, le dernier film de Lucien Jean Baptiste. Rôle pour lequel elle a été récompensée du Prix de la meilleure interprétation féminine au Festival international du cinéma Vues d’Afrique, à Montréal, le 27 avril.
Marie..

Pour les plus anciens, elle est cette créative et fervente défenseure de la culture noire, qui met un point d’honneur à transmettre. « En Afrique, la transmission a longtemps été orale, aujourd’hui nous avons besoin d’écrire », scande celle qui se revendique africaniste. « Je suis une Africaine du Cameroun. Mes repères sont en France, mes racines sont en Afrique. Je suis une citoyenne du monde ».

Et pour cause, Marie-Philomène a également une histoire liée avec l’Inde, où elle se rend depuis 18 ans pour monter des spectacles. Sa mère spirituelle, l’Indienne Amma, fondatrice de l’ONG « Embracing de World ». Sa religion : l’amour. Une philosophie de vie qui guide l’actrice.

Marie...

Cet amour pour la vie, les autres, est manifeste chez Marie-Philomène Nga. Turban bleu nuit dans les cheveux, jupe rose fuchsia, créole en perles de couleur, sneakers roses, la comédienne est un concentré de générosité et d’énergie.

L’Afrique, sa première scène

Metteuse en scène, danseuse de formation et chanteuse, pour Marie-Philomène la création est un tout. Et surtout, un partage. Raison pour laquelle, sans doute, l’actrice a fait ses débuts sur les planches. La création relève aussi d’une sorte de déterminisme conditionné par l’environnement culturel dans lequel on vit.

Demandez-lui quelle a été sa première scène, elle vous répondra l’Afrique ! « Là-bas, on est entourés par le rythme, les cérémonies, même les plus tristes se célèbrent dans la fête, éclaire-t-elle. On dit souvent que les Noirs ont le rythme dans la peau, mais prenez un bébé blanc et mettez le dans le même contexte, il aura plus de rythme que l’enfant noir né en France. C’est une culture, une philosophie de vie ».

Son rapport au spectacle, Marie-Philomène le cultive donc dès la petite enfance, chez elle. C’est grâce à sa tante, son homonyme, « une femme de caractère, la cheffe de quartier, qui encourageait énormément les femmes, les associations féminines », que la petite fille d’alors pourra s’exprimer et reproduire ce qu’elle voit dans les rues, à la maison. Avec un père médecin, elle baigne dans un environnement où l’éducation traditionnelle prévaut, et endosse vite le rôle de « saltimbanque ». Pour autant, pas question pour elle d’abandonner ce qui relève de « l’inné ».

A l’école, elle excelle au théâtre et en musique. Elle s’inscrit de fait au lycée technique de Douala et passe les auditions, via l’Institut Goethe, pour rejoindre plus tard la troupe Les Génies Noirs de Douala, en 1974. Elle a alors 14-15 ans.

L’importance du « monde noir »

Début des années 80. Marie-Philomène rêve d’aller au Sénégal, alors gouverné par Léopold Sédar Senghor « qui faisait énormément pour les artistes ». Mais c’est en Europe qu’elle débarquera. D’abord en Italie, puis en Suisse, où elle participera à un festival de danse classique avec sa compagnie dans le cadre d’une tournée de six mois. Et accompagnera quelques grandes vedettes noires-américaines.

Déjà, cette curieuse de nature a envie d’explorer. Elle rêve d’ailleurs, de voir comment le monde du théâtre se façonne ailleurs. Alors, pourquoi ne pas partir et rejoindre son frère à Lyon, futur politologue, dans une chambre universitaire. Pour sa famille, le théâtre n’est pas un métier. Mais l’adolescente est convaincue. Et enchaîne les petits boulots, se paie des formations ici et là, repasse le bac en candidat libre. Elle a 19 ans.

« Les jeunes générations ne savent pas qui sont les grandes figures du cinéma noir »…

A Lyon, où elle restera 9 ans, l’actrice fera la rencontre de la diaspora africaine et de la communauté noire, qui jouera un rôle déterminant dans sa carrière. Elle rejoint la compagnie Coups de Pilon emmenée par le metteur en scène sénégalais Talla Momar Ndiaye. Et se produit dans toute la région Rhône-Alpes. « Il y a avait des Antillais, des Congolais, Sénégalais… La communauté noire était très solidaire. On a monté des spectacles, on a joué au festival d’Avignon sur les auteurs Antillais comme Césaire, les Africains, c’était superbe », se souvient-elle encore avec enthousiasme.

La promotion du « monde noir », elle en a fait son fer de lance. Documentée, férue d’archives, grande lectrice, elle est pour le devoir de mémoire. « Les jeunes générations ne savent pas qui sont les grandes figures du cinéma noir en France, à quel point les années 50 constituent les premières esquisses des acteurs noirs : les Darling Legitimus, les Douta Seck, (Rue Case Nègre), les Toto Bissainthe etc. pour qui Jean Genet avait écrit la pièce Les Nègres (1958), qui avait fait scandale à l’époque… », regrette-elle.

Trouver sa voi(e)x

Une telle émulation qui lui donne envie de parfaire sa formation et de se présenter au concours d’entrée au Conservatoire national d’art dramatique de Lyon, qu’elle passe haut la main. Des textes fondamentaux de la culture noire, elle travaille Molière, Lesage. « Je m’adapte, c’est ce qui me compose », précise celle qui recevra dès la première année le Prix de diction.

« J’ai tenu à conserver mon accent »

Pourtant, c’est l’époque de Michel Leeb et de son spectacle caricaturant « l’accent africain ». Son « présentement » tonique, Marie-Philomène Nga en fait une force. « J’étais la seule Noire la première année, la seule Africaine au côté d’un comédien maghrébin, et encore une fois nous avons été solidaires. J’étais tellement têtue, je voulais tellement y arriver, que j’ai fait abstraction de cela. J’ai tenu à conserver mon accent ».

Des années durant lesquelles la jeune femme se bat également pour obtenir son statut de résidante, dans une ville clairement orientée à droite. Le maire de l’époque la soutiendra. « Le chemin a été très dur, long, mais j’y suis arrivée ». Elle travaillera son jeu, grâce à sa professeure de diction, qui la poussera dans ses retranchements pour élargir sa palette au drame. Parce que pas question pour Philomène de se cantonner à la rigolote de service ou aux rôles stéréotypés.

Créer ses propres possibilités

Son premier rôle au cinéma : une femme de ménage dans le film d’Albert Dupontel, Bernie (1996). « On ne peut pas parler d’erreur, parce qu’il n’y avait pas d’autres rôles pour nous. J’ai joué beaucoup de rôles d’infirmières dans Navarro, Falco, il fallait que je sois rigolote ! Encore maintenant, je suis la « mama africaine » type au cinéma, déplore-t-elle. Ce n’est pas le rôle de mère qui me dérange, mais d’être encore la maman d’un jeune noir délinquant », nuance l’actrice qui fait néanmoins le tri aujourd’hui dans les scénarii.

« L’actuelle génération, à l’image de Lucien Jean-Baptiste, doit inventer ses propres possibilités. On est dans l’obligation de concevoir »

Marie1

« Ces derniers temps, et j’espère qu’il ne s’agit pas d’une simple passade liée à l’effet Omar et Intouchables, on peut voir des productions mettre les moyens avec des Noirs en tête d’affiche, comme Ahmed Sylla dans L’Ascension, ou  bien Aïssa Maïga, bien sûr », relève-t-elle. Ce sont donc les rôles, les opportunités qui manquent, pas les talents ! L’actuelle génération, à l’image de Lucien Jean-Baptiste, doit inventer ses propres possibilités. On est dans l’obligation de concevoir ».

« Je n’ai pas le souvenir d’avoir fait de la figuration. J’ai tout de suite joué des rôles »

Et c’est ce qu’a fait Marie-Philomène. Elle a créé ses propres spectacles dès le début, à l’exemple de Trop c’est trop , puis de Ma Mémoire se souvient, en acceptant d’y mettre beaucoup d’énergie, en étant à la fois artiste et son propre manager en démarchant les lieux de représentation, en trouvant des financements…  Si elle obtient et s’étonne de voir de belles retombées dans la presse, on ne va pas nécessairement la chercher pour des rôles.

Pour autant, ces projets montés lui permettent d’étoffer son CV et de présenter son travail lors des castings. « Je n’ai pas le souvenir d’avoir fait de la figuration depuis mes débuts. J’ai tout de suite joué des rôles », avoue-t-elle.

En 20 ans de carrière au cinéma, Marie-Philomène affiche pas moins de 21 rôles pour le grand et le petit écran français, des films grand public à succès allant de Neuilly sa mère à Case départ, en passant par Il reste du Jambon ?. Sans compter l’ensemble des créations, des contes et spectacles taillés pour les planches qu’elle continue à défendre pour promouvoir la création afrodescendante.

Marie-Philomène Nga sera la marraine de la 9e édition du Festicab qui se tiendra au Burundi du 19 au 26 mai 2017.

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Zoom sur cette nouvelle génération de créatifs qui fait des réseaux sociaux une plateforme artistique et engagée au service de la cause féminine et de la diversité.

Ils ont entre 19 et 25 ans et sont la voix de leur génération. Ou plutôt le coup de crayon. Laura Breiling, Benjamin Biayenda et Dee Mathieu Cassendo nous prouvent en images, parfois agrémentées de bulles, qu’il n’est nul besoin d’être une femme pour être féministe ou d’être noir pour représenter la diversité. A chacun son style, mais tous défendent une cause commune : refléter la société d’aujourd’hui… Sans filtre !

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« DOUBLE VAGUE » DE CLAIRE DIAO : LA PAROLE AUX RÉALISATEURS DE DOUBLES CULTURES

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Claire Diao, journaliste et critique de cinéma, vient de sortir un livre appelé « Double vague » paru Au Diable Vauvert. Une oeuvre qui révèle l’émergence d’une nouvelle génération : les cinéastes français issus d’une double culture.

Elevés dans les quartiers populaires, très souvent autodidactes et récompensés de prix internationaux, ces réalisateurs  sont pourtant méconnus des médias. Claire Diao, Franco-burkinabée elle-même issue de cette double culture, donne la parole à plus de 50 cinéastes -femmes- telles que Maimouna Doucouré et Alice Diop honorées lors des César 2017.

Tout a commencé par une série de portraits écrits entre 2012 et 2016 sur le site Bondy blog. La journaliste a décidé d’aller plus loin en démasquant une société française dans laquelle plusieurs s’autoproduisent, ne disposent pas de subventions et sont refoulés dans la case « cinéma de banlieue »… Alors qu’en France, il existe un Centre National du Cinéma qui aide aux développement de projets. Ces réalisateurs sont en parallèle du système. Dans une interview accordée à Cheek Magazine, Claire Diao définit les acteurs de cette Double Vague :

« La France est mondialement connue pour sa Nouvelle vague, qui a émergé dans les années 60. Mais, depuis, c’est comme si plus rien ne se passait explique-t-elle C’est évidemment faux, comme j’ai pu le constater avec tous ces jeunes cinéastes qui émergent et qui font des films sur d’autres thématiques, avec d’autres approches et d’autres visages que ceux qu’on a l’habitude de voir dans le cinéma français (…) Mais ce sont aussi plein de réalisateurs qui se positionnent face à un traitement médiatique, une parole ou une vision qu’on a d’eux. »

A l’initiative du programme Quartiers Lointains, la revue Awotélé et la société Sudu Connexion, Claire Diao titre son livre « Double vague »:  un  terme qui ne cherche pas à stigmatiser ces cinéastes mais veut montrer une autre alternative, décrire un nouveau souffle :

« Je parle d’une génération qui a envie de se voir sur les écrans, qui a le droit d’exister dans les livres, dans la presse, et qui ne peut justement pas se limiter aux quelques-uns qui émergent. Quand Houda Benyamina a eu sa caméra d’or  , j’ai été gênée car j’ai eu l’impression que les gens la découvraient, alors qu’elle œuvre dans le milieu associatif depuis 10 ans. Même chose pour Alice Diop, qui vient de recevoir un César et se retrouve sur-sollicitée pour que ses films soient diffusés, alors qu’elle en réalise depuis des années. »

Avec la reconnaissance dont certaines bénéficient, les choses avancent mais lentement !

Double vague

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[LETTRE À ADAMA] ASSA TRAORÉ : FEMME COMBAT

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Depuis la mort de son frère suite à une interpellation survenue à Persan en juillet 2016, Assa Traoré continue de mener son combat pour la « justice » et « la vérité ». Elle publie aux éditions du Seuil Lettre à Adama. Entretien.

Assa Traoré, 32 ans, se bat depuis neuf mois pour rétablir la vérité atour de l’affaire Adama Traoré, son jeune frère décédé le 19 juillet 2016 à 24 ans, dans la gendarmerie de Persan (banlieue parisienne) dans des conditions encore troubles. Pour Assa, cela ne fait aucun doute : son frère est mort des suites de bavures policières.

Dans son livre écrit à quatre mains avec la journaliste Elsa Vigoureux, la trentenaire revient chronologiquement sur l’affaire, en se livrant à une analyse méticuleuse des différents rapports d’autopsie – qui révèlent un cas « d’étouffement » et non d’asphyxie » – en pointant du doigt un système « inégalitaire » qui « conduit à la mort sociale. A la mort tout court ». Un livre à charge et sans concession contre un système éducatif, policier, judicaire qui ne laisse aucune chance, selon elle, aux « invisibles ».

D’un combat personnel, elle en a fait un combat collectif qui rassemble. Assa Traoré passe au crible toutes les victimes non-blanches tuées ou blessées par la police : de Zyed et Bouna à Théo, en passant par Shaoyo Liu, ressortissant chinois. Porte-voix des quartiers, elle souhaite que justice soit faite pour tous, et que le nom d’Adama résonne comme un symbole par-delà le monde.

Ex-éducatrice, mère de trois enfants, mais aussi « mère » de 17 frères et sœurs, porte-parole malgré vous des quartiers, « soldate » comme vous écrivez dans le livre… Qui êtes-vous Assa Traoré ?

Je suis la sœur d’Adama Traoré. Je suis la sœur de Bagui et Yakouba Traoré qui sont en prison. Je suis la fille de ma mère, de tata, de mama, pour qui on se bat pour la vérité et la justice. J’ai grandi avec Adama, j’ai participé à beaucoup de choses de sa vie, comme mes autres frères. Ils sont une partie de moi, ils sont comme mes enfants. Je suis la porte-parole de ce combat, mais toute ma famille le porte. C’est ce qui en fait la force.

Assa

Un combat familial mais un aussi combat rassembleur… Comment faites-vous le pont entre les actions menées par votre comité et votre lutte pour « la justice pour tous » ?

Le combat Adama est d’abord un combat local porté par la ville de Beaumont et toutes les villes limitrophes, par la famille mais aussi par les amis d’Adama qui font également partie du comité, et le voisinage. On souhaite aussi que le combat soit rassembleur. On ne veut pas qu’il soit enfermé chez les Traoré ou chez les Noirs, mais ouvert à tout le monde.

On a tout de suite voulu nous orienter vers un entre-soi. La France divise son peuple. Nous, ce n’est pas ce que nous souhaitons. L’affaire Adama est représentative aujourd’hui d’un mal-être de la France, où on ne peut pas jouir librement de nos droits. Toutes les origines, toutes les couleurs, toutes les langues, toutes les personnes doivent se rallier à ce combat pour la justice pour tous à travers Adama.

On a souvent assimilé votre combat au Black Lives Matter hexagonal. Vous venez d’illustrer qu’il ne s’agit pas d’un combat communautaire.

Aux Etats-Unis, ils vivent plus en communauté. En France, on vit tous ensemble. On ne peut pas ressembler au modèle américain. Le « Black Lives Matter » en France doit résonner, mais avec tout le monde dedans.

Vous citez toutes les victimes mortes suite à des interpellations de la police, en partant de Zyed et Bouna (2005). Vous racontez avoir marché en soutien pour la famille et avoir pris peur pour vos frères. Cette affaire a-t-elle été le point de départ de votre éveil au militantisme ?

Le drame qu’ont vécu Zyed et Bouna, malheureusement, mes frères et d’autres garçons des quartiers populaires le vivaient à petite échelle lors des contrôles à répétition, d’humiliation, quand ils allaient en garde-à-vue pour rien. Il y a eu un acharnement quotidien.

La police use souvent de son pouvoir, a une impunité totale sur nos quartiers et ces jeunes-là. J’ai pensé à mes frères ce jour-jà, parce que je me suis dit qu’ils allaient aussi y passer. Que c’était possible. Le jour où j’ai appris la mort d’Adama, je me suis dit qu’ils l’avaient eu.

Vous écrivez regretter d’avoir voté François Hollande, on vous sent ne plus rien attendre du gouvernement en place, celui d’Emmanuel Macron. Avez-vous quand même un espoir d’être entendue ?

Si on se bat, c’est qu’il y a un espoir. Mais cet espoir, si on ne nous le donne pas, il faut aller le chercher. Il n’y a pas d’Etat sans nous. Aujourd’hui la France n’est pas un état de liberté, d’égalité et de fraternité pour une partie de la population. Quand on veut s’exprimer, on nous tabasse ou on nous met en prison. On veut nous faire taire. C’est un état qui cautionne tout ça. Où est cette époque « nous sommes Charlie » ? On réclame ce qui nous est dû. L’espace public, la liberté et la justice appartiennent à tout le monde.

Vous avez été soutenue par le Mali. C’est important pour vous d’être entendue en Afrique ?

Nous sommes d’origine malienne, et tout de suite la communauté malienne s’est levée, mais aussi la communauté arabe, tout le monde. Au-delà des frontières françaises, il y a eu une résonnance sur le continent africain. Mon grand-père a fait la guerre 39-45. On est venu le chercher au Mali et il est revenu avec une jambe en moins.

Si on cherche dans l’histoire des jeunes ici, beaucoup de ces enfants de la République ont un membre de leur famille qui s’est battu pour une France libre. Il faut que cette résonnance aille jusqu’en Afrique, il faut que l’Afrique sache que l’on tue leurs enfants et petits enfants. L’Afrique aussi prend position sur ces questions-là, dans un pays pour lequel elle s’est battue.

Vous dites que ces jeunes sont programmés pour une mort sociale. Quel est votre regard sur l’égalité pour tous prôné par le système éducatif français et l’intégration de ces jeunes des quartiers dans la société française ?

Les garçons des quartiers sont victimes d’une réputation de « bruts ». Ils sont déshumanisés. On les oriente vers des métiers qu’ils ne choisissent pas, on ne leur laisse pas le droit de penser, on ne les encourage pas. L’estime de soi est complètement mise à mal. Bien sûr, il existe de bons professeurs, de bonnes personnes qui accompagnent ces jeunes, mais dans la majorité des cas ils sont enfermés. C’est tout cela qu’il faut défendre aussi.

Lettre Adama

Vous venez de sortir ce livre, Lettre à Adama. Quelles sont les prochaines étapes, comment le combat va-t-il se matérialiser sur le terrain ?

Depuis la sortie du livre, on a organisé des débats dans plusieurs villes, Ivry, Champigny etc. ouverts à toutes les populations, des jeunes, des moins jeunes, des papas, des mamans. On parle du droit des citoyens et de la justice pour tous en France. Le 6 juin se tiendra l’appel de Bagui et Youssouf qui ont été condamnés pour outrage et violences.

Concernant l’affaire Adama, elle a été dépaysée à Paris. Et depuis le mois de janvier 2017, il y a trois juges. Nous espérons un retour pour le mois de juillet. Tour va dépendre de la manière dont on va orienter notre défense, et de la mise en examen de ces gendarmes : c’est le but. Que ces gendarmes soient amenés devant des juges.

On a créé une association en octobre dernier qui porte son nom, le lancement aura lieu à la rentrée. On souhaite que le nom d’Adama soit porteur de belles actions, que son nom ait une résonnance positive partout en France et dans le monde.

Les bénéfices récoltés par les ventes du livre Lettre à Adama d’Assa Traoré avec Elsa Vigoureux seront utilisés pour les frais judiciaires de l’affaire Adama.

Retrouvez l’entretien ici


TOP : CES HUMORISTES DE LA DIASPORA QUI CARTONNENT EN FRANCE

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Zoom sur cette nouvelle génération d’humoristes qui a fait son entrée sur le devant de la scène. Et qui compte bien y rester !

L’humoriste franco-ivoirienne Claudia Tagbo et le prometteur Ahmed Sylla, Franco-sénégalais de 27 ans ne sont pas les seuls à faire rire en France ! Coup de projecteurs sur d’autres talents afro-antillais en pleine ascension !
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LAURA NSAFOU : QUAND LA LITTÉRATURE DÉVELOPPE L’ESTIME DE SOI DES PETITES FILLES NOIRES

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A l’occasion de la parution aux éditions Bilibok de Comme un million de papillons noirs, un livre qui aide à développer l’estime de soi des petites filles noires, retour sur la place de la diversité dans le paysage de la littérature jeunesse en France avec la scénariste du projet, Laura Nsafou.

L’auteure française née de parents antillais et congolais, Laura Nsafou a.k.a Mrs Roots – du nom de son blog afro-féministe – a collaboré avec Bilibok, un éditeur jeunesse indépendant proposant des albums personnalisés et représentatifs de la société actuelle. Au programme : des héros qui ressemblent aux enfants et des modèles familiaux qui s’éloignent des carcans traditionnels et normés.

Comme un million de papillons noirs – titre faisant échos à une phrase tirée du roman God help de Toni Morrison -, verra le jour à la rentrée prochaine. L’album traite avec poésie et bienveillance de la difficulté pour une petite fille noire à accepter ses cheveux crépus. Et aide ainsi à développer l’estime de soi tout en appelant tous les enfants à l’empathie.

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Série TV : l’afrofuturisme de Nnedi Okorafor débarque sur HBO

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Un roman afrofuturiste de l’écrivaine américano-nigériane Nnedi Okorafor va être adapté pour la fameuse chaîne câblée américaine.

Une série se déroulant dans une Afrique futuriste et diffusée par l’une des chaînes les plus emblématiques du câble américain ? Ce sera bientôt une réalité. HBO, qui a notamment diffusé les séries cultes « The Wire » ou « Les Sopranos », a annoncé le lancement prochain d’une adaptation du roman afro-futuriste Qui a peur de la mort ? de l’écrivaine américano-nigériane Nnedi Okorafor.

George R. R. Martin, le créateur de la saga d’aventures Games Of Thrones, également diffusée sur HBO, sera l’un des producteurs exécutifs de ce programme. Qui a peur de la mort ? est un roman qui dépeint un royaume africain post-apocalyptique, Les Sept Rivières, où la société est divisée entre personnes à la peau claire, les Nuru, qui dominent le territoire, et celles à la carnation plus sombre, les Okeke. Ces derniers, créateurs et novateurs en matière de technologies, sont victimes d’exactions et réduits en esclavage par les Nuru. Aussi, dans ce royaume, la guerre civile fait rage. L’héroïne du roman, Onyesonwu (qui, en langue igbo, signifie « qui a peur de la mort »), est une métisse née d’une femme Okeke violée par un général Nuru.

Who

Entre science-fiction et fantastique

On suit ainsi le voyage de cette héroïne, rejetée par les deux peuples du royaume, parce que bâtarde et née « ewu » (enfant du viol). Au gré d’aventures mystiques et découvertes spirituelles, Onyesonwu, qui se révèle être dotée de pouvoirs magiques, se met en quête de son père et comprend que son destin est lié au devenir de son monde. C’est un article du Washington Post, daté de 2004 et consacré au conflit du Darfour où le viol fait office d’arme de guerre, qui a inspiré ce récit à Nnedi Okorafor, à mi-chemin entre science-fiction et fantastique.

Initialement publié outre-atlantique en 2010, le roman a été traduit et publié en France, en 2013, aux Éditions Panini. En octobre prochain, il sera réédité, toujours dans l’hexagone, aux Éditions ActuSF. L’ouvrage a remporté, aux États-Unis le World Fantasy du meilleur roman en 2011 ainsi que le prix français Imaginales du meilleur roman étranger, en 2014.

Chef de file de l’afrofuturisme littéraire

Né dans l’Ohio de parents igbos nigérians, Nnedi Okorafor compte parmi les figures de proue de l’afrofuturisme littéraire. À travers ses romans, l’écrivaine de 43 ans, professeur associée en littérature et écriture créative à l’Université de Buffalo, dans l’état de New-York, interroge les questions de genre et de race à travers le prisme de la science-fiction. Elle y explore un continent africain dépeint comme un laboratoire d’innovations technologiques aux prises avec les traditions culturelles. C’est ce même ressort que l’on retrouve dans l’un de ses derniers succès, le court roman Binti, qui lui a valu, en 2015, le Nebula Award, l’une des plus grandes récompenses de la science-fiction anglophone.

L’univers sombre et violent qu’elle dessine semble tout à fait adéquat pour HBO

Elle y raconte l’histoire de la première étudiante Himba (peuple bantou du Nord de la Namibie) à être admise dans une académie futuriste où elle doit composer avec tradition et modernisme. Mais Nnedy Okorofor s’attache aussi à transposer dans une Afrique du futur, les travers et maux actuels du continent qu’elle sillonne depuis son enfance. L’univers sombre et violent qu’elle dessine dans Qui a peur de la mort ? semble tout à fait adéquat pour HBO, qui n’a jamais fait dans l’eau de rose, privilégiant les productions au contenu plutôt cru. Mais c’est aussi une grande première que de voir une œuvre afrofuturiste adaptée par cette chaîne culte.


INNA MODJA : JE SUIS UNE AFRICAINE DU MONDE !

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Après une tournée marathon de deux ans pour défendre Motel Bamako sur les cinq continents, Inna Modja peut enfin se poser et se remettre à l’écriture. Retour sur son parcours musical, ses inspirations, ses premiers pas au cinéma et ses engagements féministes.

Il nous aura fallu pas moins de quatre mois et un échange de 24 mails avec son manager pour finalement rencontrer l’artiste malienne avant un dernier concert donné en région parisienne sur la scène flottante du lac d’Enghien-les-Bains, nommée ville créative des arts numériques par l’UNESCO.

C’est à cette occasion que celle qui a décidé de mêler rythmes traditionnels maliens, à coups de percussions et de kora, et plages électro, a donc défendu son dernier opus : Motel Bamako. L’auteure du tube « French cancan (Monsieur Sainte Nitouche »), accompagnée d’un multi-instrumentiste et d’un producteur aux machines, partagera ce soir-là le plateau avec les trublions de Naïve New Beaters.

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LES 8 PERSONNALITÉS AFRODESCENDANTES À SUIVRE CET ÉTÉ 2017

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Du couple Obama aux stars de la pop, en passant par les étalons du grand écran : tour d’horizon de ce qu’il ne faudra pas manquer pendant les vacances.

Quelle sera l’actualité de nos personnalités préférées cet été ? Cinéma, musique, télé, création… Mais aussi vacances en famille et autres projets… Into The Chic vous donne un avant-goût de vos pauses détente et people pendant les vacances…

 

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Sénégal : Akon va racheter 50% de la plateforme de téléchargement « Musik Bi »

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Le rappeur américano-sénégalais Akon a annoncé samedi à Dakar vouloir racheter 50% des parts de la plateforme de téléchargement de musique « Musik Bi », lors d’une conférence de presse commune avec le dirigeant de la société détenant la plateforme.

A son lancement en février 2016 au Sénégal par le groupe Solution Informatique Durable (Solid), l’objectif de Musik Bi était de permettre à chacun, via un téléphone mobile ou un ordinateur, de télécharger, grâce à son crédit téléphonique, des titres musicaux, à écouter même sans connexion internet. L’autre but était de lutter contre le piratage et d’oeuvrer au développement social et économique des artistes.

Mais la plateforme s’est heurtée à des difficultés, notamment celle du montant prélevé par les opérateurs sur les SMS.

« Le gain pris par les opérateurs est une problématique qui va à l’encontre des intérêts des artistes et de la plateforme en général. Nous continuons à pousser pour que cette part soit plus raisonnable », a indiqué, lors de la conférence de presse, le directeur général de Solid Moustapha Diop dont « l’ambition est de se développer à travers l’Afrique et d’être ‘la’ plateforme de distribution musicale en Afrique ».

« Je considère Musik Bi comme la plateforme du futur, d’envergure africaine », a renchéri Akon, de son vrai nom Alioune Badara Thiam, qui a déclaré vouloir en racheter 50% des parts pour en devenir l’actionnaire majoritaire. Il n’a pas souhaité s’exprimer sur le montant de la transaction.

« Le plus important est de savoir que c’est un investissement rentable », a-t-il seulement concédé. Akon s’est également joint à la plateforme avec son nouveau titre « Khalice », en collaboration avec la pointure de la musique sénégalaise, Youssou Ndour, disponible en exclusivité sur Musik Bi.

Concernant la rétribution, Moustapha Diop a indiqué que la part revenant à l’artiste était dès le départ prévue à 60%, et celle de Musik Bi à 40% « ce sera plus, mais jamais moins, car c’est une plateforme faite pour les artistes », a-t-il ajouté.

Certains objectifs futurs de Musik Bi ont également été abordés lors de la conférence de presse, notamment le lancement d’un festival Musik Bi, d’une chaîne de télévision et du développement du streaming.

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D’Abidjan au succès international, Magic System fête ses 20 ans

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Trois disques de platine, 16 d’or… Les quatre garçons d’Abidjan ont trouvé le Magic System pour faire danser la planète. Le groupe ivoirien fête ses 20 ans avec une tournée africaine et une autobiographie.

« Cet anniversaire est particulier pour nous. Car nous célébrons 20 ans d’amitiés, de collaboration, de moments de joie et de tristesse », confie à l’AFP A’Salfo, le leader du groupe qui a su ouvrir les portes du marché africain et international au genre zouglou mais aussi aux autres genres ivoiriens, dont le coupé-décalé.

A’Salfo, Manadja, Tino et Goudé, les quatre boys d’Anoumabo, quartier déshérité d’Abidjan, aux ruelles boueuses et sablonneuses, ont joué partout, des stades africains aux salles mythiques comme l’Apollo à New York ou l’Olympia à Paris et jusqu’au Louvre, le 7 mai, pour le concert célébrant la victoire du président français Emmanuel Macron.

Formé en 1997, le groupe a connu la consécration deux ans plus tard avec son tube « Premier Gaou », fable sur les déboires sentimentaux d’un jeune homme naïf – le gaou est un homme crédule en nouchi, l’argot abidjanais. Le tube va propulser les quatre amis sur la scène mondiale.

Magic System a multiplié les succès, enchaînant les albums, sans oublier l’amitié.

« Nous sommes restés unis et soudés, c’est le secret de notre réussite », raconte A’Salfo. « C’est rare en Afrique qu’on parte ensemble à quatre et qu’on y reste 20 ans durant ».

Des bosseurs plein d’humilité

« Magic System est un groupe qui a toujours voulu relever les défis, après Premier Gaou, nos détracteurs ont parlé de coup de chance! On a donc relevé ce défi », explique Manadja, le « gros » du groupe.

Le groupe reconnaît avoir bénéficié de conseils avisés, dont ceux de la star ivoirienne du reggae, Alpha Blondy.

« Magic System est un groupe de grands bosseurs plein d’humilité (…). quand on dispose de ces critères, on peut aller loin dans le succès », témoigne Alpha Blondy, l’artiste aux millions d’albums vendus dans le monde.

« Ils ont mes encouragements. Je leur dis : ‘Soyez solidaires et tournez le dos aux démons de la division’ », poursuit l’auteur de Sweet Fanta Diallo, dont Magic System a réalisé une reprise dans son neuvième album, Radio Afrika.

Le succès de Magic System, c’est aussi la réussite du zouglou, un rythme musical typiquement ivoirien né sur les campus universitaires d’Abidjan dans les années 1990. Le zouglou dénonce les travers de la société ivoirienne tout en la faisant danser.

« Malgré son ancrage national, le zouglou peinait à se faire entendre sur la scène internationale. C’est seulement en 2002 que le monde entier découvrira vraiment ce rythme, grâce à un remix de Premier Gaou signé du célèbre DJ français Bob Sinclar », explique le journaliste-écrivain Usher Aliman, auteur du livre « Espoir 2000, les secrets d’un zouglou insoumis ».

Aidés par des coiffeuses

Aujourd’hui, les quatre musiciens arpentent fièrement les rues d’Anoumabo d’où ils sont issus et qu’ils ne quittent jamais longtemps. Depuis que la réussite est au rendez-vous, Magic System développe des projets sociaux dans son quartier, à travers notamment le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) qu’il a créé.

Le groupe a aussi construit deux écoles primaire et maternelle à Anoumabo.

« Nous avions abandonné les études secondaires par manque de moyens financiers. Tous les écueils qui peuvent forger la vie d’un homme, nous les avons quelque peu vécus », commente Goudé, évoquant « une marche de combattants ».

« Manadja et moi avions travaillé comme contractuels (journaliers) dans une boulangerie pour joindre les deux bouts. Nous étions tous enfants d’ouvriers dont les parents gagnaient à peine le smic » (l’équivalent de moins de 50 euros à l’époque), se souvient A’Salfo.

Toute leur histoire est retracée dans un livre autobiographique intitulé : « Magic System, le mystère Premier Gaou », qui devrait sortir pendant la célébration et dont la préface est signée par le ministre ivoirien de la Culture, Maurice Bandama. Ils y racontent leurs débuts avec des producteurs réticents, le manque de ressources financières, leurs origines sociales modestes… jusqu’au succès.

Une anecdote ? « Notre premier producteur avait refusé de nous produire, ne croyant pas au projet (…). Les frais de transport d’Anoumabo au studio d’enregistrement nous ont été payés par des jeunes filles du quartier qui travaillaient dans des salons de coiffure », raconte Tino.

Le groupe a un seul souhait : « Revenir en 2037 à Anoumabo pour fêter les 40 ans ».

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Art : la blogueuse et entrepreneuse ivoirienne Virginie Ehonian met les cultures noires à l’honneur

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Virginie Ehonian, entrepreneuse d’origine ivoirienne, s’attache à défricher la scène artistique contemporaine à travers un blog et un coffret consacrés aux cultures noires.

C’est au BHV Marais, grand magasin parisien, que l’on retrouve Virginie Ehonian. L’enseigne accueille une expo-vente tournée vers la création africaine et chapeautée par le marchand d’art Jean-Philippe Aka. Pour quelques jours, ce dernier lui a confié les clés de la petite salle de L’Observatoire, au cinquième étage de l’établissement, où se tient l’exposition.

Derrière son stand et au milieu des œuvres, la trentenaire semble parfaitement dans son élément, elle qui tient depuis six ans un blog, africanlinks.net, pour évoquer les expositions et les acteurs de la scène artistique contemporaine. Sur l’un des murs, des photographies du Malien Malick Sidibé, l’un des artistes qu’elle a découverts lors de son stage chez le galeriste André Magnin en 2010.

Une expérience qui fut aussi l’occasion de se pencher sur le travail de Chéri Samba, Seydou Keïta ou encore J. D. ’Okhai Ojeikere. « Je ne savais rien d’eux. Je me suis rendu compte qu’ils me permettraient de me redécouvrir et de m’accepter en tant que femme noire et africaine, mais aussi de saisir toute la richesse de la création en Afrique », explique la blogueuse.

Un mélange d’élégance et de style

Robe moulante bleu ciel, rouge à lèvres couleur prune, boucles d’oreilles rectangulaires jaune vif assorties à une paire de sandales aux talons compensés… Étant donné son look ultrastylisé, on a vite fait de s’imaginer une personnalité extravertie. D’autant qu’elle est partout. Elle a notamment participé à l’édition 2016 du forum Land of African Business et aux conférences-débats de l’Association pour l’art et la culture subsaharienne, Orafrica.

Elle collabore avec des enseignes de la mode comme Pagnifik. Et on l’aperçoit dans le clip Femme africaine du rappeur Mokobé. Mais en réalité la jeune femme semble plutôt réservée. « Je crois que cela me vient de mon éducation », lance-t‑elle en faisant claquer ses longs doigts aux ongles manucurés.

Une éducation qu’elle doit à sa mère ivoirienne également à l’origine de son attrait pour l’art contemporain. « Petite, elle m’achetait toutes sortes de livres sur le sujet. Plus tard, j’ai voulu devenir styliste. Mon père n’étant pas d’accord, je me suis tournée vers les arts plastiques », explique cette diplômée d’un master en coopération artistique internationale, spécialisation Afrique et Moyen-Orient.

La Nooru Box, une nouveauté  culturelle

Sur son stand, quelques boîtes en papier kraft appelées « Nooru Box » (« boîte de lumière », en swahili). Avec ce coffret lancé en 2016 et vendu 39,90 euros, Virginie Ehonian entend faire découvrir quelques-uns de ses coups de cœur culturels sous un prisme historique et divertissant.

« Nooru Box est une extension physique de mon blog. Je propose des livres, des disques, des DVD, des entrées pour des expositions et des concerts, des tickets de cinéma, des accessoires et autres goodies en rapport avec les cultures noires. »

Jusqu’ici, la jeune femme a lancé cinq Nooru Box, produites en série limitée de 20 à 30 exemplaires. Si son concept séduit, elle admet que sa petite entreprise démarre timidement.

À 19 heures, il est temps de remballer. On aperçoit sa lecture du moment : Réfléchissez et devenez riche, de l’Américain Napoleon Hill. Voilà qui donne déjà une idée de ce qui se joue dans la tête de l’entrepreneuse. D’ailleurs, le logo de son coffret est un symbole Adinkra de l’alphabet akan ghanéen qui signifie prospérité, ou encore commerce entre les peuples.

« Si je suis attachée au Ghana, c’est parce que ma mère y est née. Elle vient d’un village situé à la frontière avec la Côte d’Ivoire. » La jeune femme s’est rendue à Abidjan à plusieurs reprises, mais elle sait qu’elle a encore beaucoup à découvrir du continent.

Virginie Ehonian, une globe trotteuse africaine

Prochains voyages, sans doute le Ghana et l’Afrique du Sud, pays « incontournables ». Après avoir restitué les clés de L’Observatoire, elle s’installe dans un café. Sur fond de musique latino, elle raconte ses expériences au sein de la Raw Material Company, centre d’art contemporain de Dakar, son travail sur les deux premières éditions de la foire 1:54 de Londres ou ses passages à la Biennale de Venise.

Bosseuse multitâche, entre blogging et entrepreneuriat, elle écrit pour quelques revues culturelles comme Africultures ou Intense Art Magazine. « Mais je ne veux pas être estampillée spécialiste de l’art contemporain africain », souffle-t‑elle avant de reprendre une gorgée de jus de tomate.

« Je ne cherche qu’à établir des relais entre artistes, public et collectionneurs. En France, l’effervescence autour de ces créateurs ne dépasse pas encore le cadre de l’exposition et de l’événementiel. » Aussi prône-t-elle la fin des expositions exclusivement consacrées à des artistes africains. « Se revendiquer de l’art contemporain africain est un danger pour les artistes eux-mêmes. Il faut pouvoir les inscrire dans des sphères plus universelles. » Et si l’écrin marketing cachait une militante ?

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Olamide, MHD ou encore Yemi Alade sont les artistes qui vous font danser cet été, mais connaissez-vous vraiment leurs tubes ?

Rap, pop, ou encore RnB contemporain, les artistes de l’Afrique et de sa diaspora nous ont plutôt bien gâtés cet été ! Vous ne pouvez pas vous empêcher de vous déhancher sur « Wild Thoughts » de DJ Khaled et Rihanna, ou sur les musiques de Fally Ipupa ? Participez à notre test pour voir si vous êtes vraiment incollable sur les tubes qui réchauffent les dancefloors cet été.

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VÉRONIQUE TADJO : « LA LITTÉRATURE A CETTE FACULTÉ DE CRÉER UN ESPACE DE MÉMOIRE »

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L’auteure ivoirienne, Véronique Tadjo, vient de publier aux éditions Don Quichotte, En compagnie des hommes : un roman poignant sur l’épidémie Ebola.

De passage à Paris à l’occasion de la rentrée littéraire, Véronique Tadjo, romancière, poète et peintre ivoirienne qui partage sa vie entre Londres et Abidjan, nous a accordé un entretien dans un café de la capitale avant qu’elle ne reparte pour La City.

Auteure de romans plébiscités par la critique comme La reine Pokou – Grand Prix littéraire d’Afrique noire (2005) -, Véronique Tadjo revient avec En compagnie des hommes sur l’une des pires crises sanitaires de ces dernières années, l’épidémie Ebola qui a frappé une grande partie de l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016.

A travers une série de chroniques polyphoniques situées à mi-chemin entre le conte philosophique et le docu-fiction, celle qui écrivait en 2001 sur le génocide rwandais (L’Ombre d’Imana : Voyages jusqu’au bout du Rwanda) perpétue le devoir de mémoire. Entretien.

Avec En Compagnie des hommes, vous vous inscrivez dans la tradition du conte africain tout en y injectant une dimension docu-fiction. De quel pan de la littérature africaine avez-vous hérité ?

La forme que j’ai empruntée ici est hybride. On y retrouve une part de conte, mais aussi des sortes de témoignages et un côté roman noir. J’ai grandi en lisant Amadou Hampâté Bâ, Léopold Sédar Senghor, que je vois comme un poète et comme un conteur. Il n’y a qu’à lire les belles aventures de Leuk-le-Lièvre ! Mais aussi avec l’Ivoirien Bernard Dadié. Le conte est encore très présent chez nous. Il y a un grand festival autour du genre en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou encore au Bénin (Festival International du Conte et de la Parole, ndlr).

Derrière la réalité de l’horreur, on retrouve aussi une dimension poétique. Vous écrivez à ce sujet que « la poésie offre un peu de consolation face à la puissance absolue de la mort ».

C’était nécessaire d’offrir ces respirations. Le sujet est très dur. Beaucoup de personnes sont restées dans le déni, aussi bien en Afrique qu’en Occident. Les gens ont été fortement marqués, traumatisés par les images, à tel point qu’ils ont littéralement bloqué tout ce qui avait trait à Ebola. Il fallait aider le lecteur en trouvant une forme qui lui permette d’entrer dans un sujet difficile mais nécessaire. Plus on continuera à informer sur ce virus qui n’a pas quitté l’Afrique, mieux on sera armés pour affronter les catastrophes qui pourraient survenir.

Justement, vous évoquez « l’indifférence généralisée, qu’elle soit nationale ou internationale, face aux situations de crise en Afrique ».

Oui, je pense qu’on en sait beaucoup plus aujourd’hui. Pour autant, il faut rappeler que l’épidémie a été éradiquée mais que le virus est toujours latent. D’ailleurs, il y a récemment eu des épidémies, à plus petite échelle, au Congo. Mais on a appris à mieux les contrôler et les gens ont pris conscience qu’ils étaient leur propre remède.

Je suis très gênée par le système sanitaire en Afrique de l’Ouest. Et cette problématique-là, je ne suis pas certaine que les gouvernements l’aient encore compris. Ils ont bénéficié d’un certain nombre d’aides internationales, arrivées à mon avis un peu trop tard, et je ne suis pas convaincue que ces investissements aient été bien exploités. En cas de catastrophe, les hôpitaux ne sont toujours pas prêts. Et ça, ça me désole.

Veronique

Vous écrivez sur l’absence de moyens investis dans les hôpitaux. Et insistez, notamment, sur les conditions difficiles des futures mères.

Cela nous confronte à des dangers énormes. On est toujours sur la corde raide. Ceux qui ont les moyens vont se faire soigner à l’étranger, et les autres sont lésés. En Afrique, l’hôpital est un mouroir. On fait tout pour ne pas y aller, et les gens se tournent vers les guérisseurs, même en ville. Les médicaments coûtent chers etc. J’aurais souhaité qu’il y ait une prise de conscience après cette crise sanitaire.

Le texte est ancré dans un contexte africain, mais offre une dimension universelle sur la place de l’homme dans la nature… Une manière de montrer que l’Afrique et l’Occident sont, in fine, concernés par les mêmes enjeux contemporains ?

Oui. Le virus Ebola n’a pas de frontières. Cela redonne à penser au panafricanisme. Ebola voyage, prend l’avion, le train… Nous avons un destin commun. L’Occident a vraiment réagi quand a il réalisé que le virus pouvait arriver chez lui. Tant qu’il n’y avait que les images diffusées à la télévision, l’Afrique était vue comme le berceau de toutes les horreurs… de loin. Puis, on a compris que les frontières étaient artificielles.

On a parfois le sentiment en vous lisant que vous écrivez un roman à charge contre l’homme, lequel peut être monstrueux en détruisant la nature qui l’entoure, tandis que vous donnez la parole au virus, qui s’humanise…

Oui, c’est assez paradoxal. Je ne voulais pas que les gens pensent que le virus est le mal incarné. Il s’agit d’un fait de la nature. Raison pour laquelle la voix d’Ebola est aussi dure, parce qu’elle montre combien l’homme peut être destructeur sur beaucoup de plans. Les hommes détruisent la nature et s’autodétruisent. Quand est-ce qu’ils vont comprendre cela ? Ce n’est pas un message nouveau mais un message qu’il faut répéter. Ils ont peur d’Ebola, or ils devraient avoir peur d’eux-mêmes.

Quelle est votre part de vécu dans cette crise sanitaire ? De quoi avez-vous été témoin ?

J’étais en Côte d’Ivoire et on s’attendait vraiment à ce qu’Ebola traverse la frontière guinéenne et arrive jusqu’à nous. J’ai vécu dans ce climat de psychose pendant longtemps. Il fallait se laver les mains au chlore, ne plus manger de la viande de brousse etc. On a fait construire un centre Ebola au cas où le virus atteindrait la Côte d’Ivoire.

De quelle manière vous êtes-vous documentée pour enrichir vos témoignages ?

C’est romancé, mais tout est basé sur des recherches. L’épidémie a touché la Guinée, la Sierra Leone, le Liberia, mais on ne sait pas dans le livre de quel pays on parle. J’ai pioché dans chacun de ces pays. Au niveau des personnages, je me suis nourrie de témoignages. Je voulais que le lecteur reparte avec de l’information. C’était important qu’il y ait cette transmission-là. L’ignorance est encore très grande. J’ai ressenti le besoin quasi immédiat d’écrire sur ce sujet-là pour rétablir une sorte de vérité. Il me fallait montrer qu’il y avait cette part de responsabilité collective.

Vous insistez sur ce devoir de transmission, de mémoire, en vous inscrivant à contre-courant de la vague afro-optimiste ambiante.

Pour moi, cela va ensemble. Il faut avoir un optimisme réaliste et ne surtout pas quitter des yeux les problèmes que le continent rencontre malgré l’émergence de la classe branchée. Je ressens ce besoin de dire les choses telles qu’elles sont.

Que pensez-vous de la nouvelle génération d’auteurs afrodescendants francophones qui ne veulent pas oublier l’histoire, à l’exemple de Gaël Faye qui, comme vous avec L´ombre d´Imana…, a écrit sur le génocide rwandais sans emprunter la forme du roman historique traditionnel ?

J’ai beaucoup aimé Petit Pays, et j’aime quand un auteur s’empare d’un sujet et parvient à trouver un angle qui n’a pas encore été traité jusqu’à présent. Et comme vous pouvez le constater, il y a encore des parutions sur le Rwanda, et je pense que petit à petit de plus en plus de livres vont sortir sur Ebola. Parce que la littérature a cette faculté de créer un espace de mémoire.

Quel(s)sujet(s) avez-vous encore envie d’explorer ?

J’ai envie d’écrire sur l’Afrique du Sud, où j’ai vécu 14 ans. Et sur ma mère ! C’est une artiste, qui a choisi de vivre en Côte d’Ivoire – elle est française – et ça m’a fascinée de vivre entourée d’artistes. D’elle, j’ai hérité l’art. Je suis peintre et j’aime définir ma peinture à l’aide d’un terme littéraire : le réalisme magique. Je pars du réel et travaille l’imaginaire.

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